Dossier Apprendre à lire une langue qu’on ne parle pas

« Intervention de Suellym Opolz FERNANDA »

Suellym Opolz Fernanda est enseignante et travaille en partenariat avec Juliana Bueno, docteure en informatique. Au Brésil, l’Université Fédérale du Paraná développe des logiciels pour l’acquisition de l’autonomie chez les sourds en collaboration avec l’école bilingue de San Jose, une ville du sud. Il s’agit d’une expérience pratique d’apprentissage de la lecture inspirée des thèses de l’AFL.

Les élèves (8 ans) ont choisi comme textes de base la fable « Le soleil, l’araignée cartomancienne » et « Le roi Lion » de Valmir Ayala. Dans un premier temps, sans aucun appui visuel, la narration s’est effectuée en langue des signes sous forme de dialogue.

À ce stade, l’enseignante vise plusieurs objectifs...

1) Apprentissage collectif : comment l’écrit se présente sur la page (titre, ponctuation, construction des paragraphes, du texte), comment se réajustent les hypothèses à travers le débat à partir des textes puis des illustrations ? « Plus l’enfant est jeune, plus il fait attention aux détails » fait remarquer Suellym.

2) Les questions qui se sont posées aux enfants : que va-t-il se passer si le soleil disparaît ? Pourquoi l’araignée voulait-elle l’obscurité ? Les questions et les premiers ressentis se font en LIBRAS (langue des signes brésilienne), puis par le dessin.

On observe que les enfants ont bien compris la chronologie du récit narratif. Suellym a présenté deux autres histoires aux enfants ; ils se sont lancés dans de nouvelles hypothèses, échanges et questionnements. La démarche induit des questions : comment faire, pour les enfants sourds, la relation entre la syntaxe de la langue portugaise et la LSF, la connexion entre les mots et les idées ?

En conclusion, la base de la lecture, c’est la mise en contexte. La voie phonologique mène au déchiffrement ; la voie lexicale, c’est la lecture contextuelle et visuelle. N’importe quel lecteur, qu’il soit sourd ou entendant, utilise la voie directe (lecture idéographique) qui est la seule voie qui donne accès à l’autonomie.

« Intervention de Suellym Opolz FERNANDA »