« La culture au cœur des apprentissages. un nouveau projet pour L’école : stratégie culturelle et territoire apprenant », Thierry DELAVET & Marie-Françoise OLIVIER. Coll Pedagogies (outils) sous la dir. de P. Meirieu. éd. ESF. - 2014, 224 p., 23€

Marie-Françoise olivier est conseillère technique « Arts et Culture » académie de Savoie. Thierry Delavet est chef d’établissement à Grenoble.

Les auteurs proposent de refonder le lien entre éducation et culture afin de donner du sens au parcours d’apprentissage de l’élève. ils présentent une approche de l’école qui placerait la culture comme stratégie de pilotage dans le cheminement éducatif : stratégie culturelle et territoire apprenant.

Ils font le constat que la culture peine à trouver sa place dans les établissements scolaires, trop souvent conçue comme un « supplément d’âme » ou une parenthèse récréative. Les projets culturels restent trop fréquemment juxtaposés avec les « enseignements disciplinaires », quand ils n’apparaissent pas comme fauteurs de troubles ou générateurs de désordres au sein de la « machine école ». Bref, l’expérience collective, la culture vivante développée par la société et les groupes humains qui l’animent, ne sont pas enseignées en classe.

Or, précisent-ils, le rôle de l’École est bien d’assurer l’entrée des élèves dans la culture. Les savoirs, connaissances et compétences ne doivent donc pas être vécus comme de simples « utilités scolaires », mais bien comme des objets culturels élaborés par les humains pour leur émancipation ; ils doivent permettre aux élèves de donner sens à leur présence et à leur engagement dans le monde. Pour que l’école devienne une organisation apprenante, les enseignants doivent accepter de sortir de la hiérarchie et du cloisonnement des disciplines, des niveaux, des statuts...

Pour favoriser cela, le livre de Thierry Delavet et Marie-Françoise olivier met délibérément la culture au cœur des apprentissages scolaires et en fait le principe organisateur du fonctionnement de l’École. il décrit l’action culturelle comme une démarche unificatrice, permettant de mettre en cohérence l’ensemble des activités d’un établissement sur son territoire. Les œuvres et les pratiques culturelles ne viennent plus « illustrer » les enseignements, elles mettent en relation l’ensemble des savoirs et permettent d’accéder à leur spécificité. Les projets culturels deviennent les projets de l’établissement et sont les véritables projets d’enseignement. Il nous faut donc envisager l’école comme une institution culturelle ancrée dans un territoire défini comme un espace partagé. Une communauté qui interroge et valide les objets culturels. Les disciplines seront ainsi envisagées comme des construits culturels, des langages et des outils pour comprendre le monde ; elles viendront se nourrir des propositions faites par les partenaires. Là, les lecteurs de notre revue pourraient avoir l’eau à la bouche...

Les mots, les ingrédients sont là, la recette de l’ouverture de l’école sur son environnement manque de sel cependant parce que, au final, les élèves ne produiront pas avec l’intention de transformer, l’éventuelle confrontation des élèves avec la réalité de l’environnement économique et social de leur établissement scolaire risque de rester « scolaire ». et puis, l’ouvrage propose de belles définitions « historico-philosophiques », et moult fiches de synthèses comme outils d’aide à la mise en œuvre de projets. nos deux compères repensent la place du chef d’établissement qui doit s’inspirer de l’entreprise. ils aspirent à une dimension pédagogique nouvelle pour le travail des enseignants... qui continuent à donner cours. et tout cela pourrait être enrichi par le rôle et les modalités d’intervention des partenaires territoriaux... s’ils ne demeurent pas prestataires. ils annoncent que notions de parcours et d’évaluation peuvent désormais prendre un tout autre sens... Pour conclure que l’École, par l’organisation collective de la rencontre avec une culture vivante, devient un véritable espace éducatif démocratique.